Paris, le 11 avril 2020
À tous les Comoriennes et Comoriens,
C’est avec beaucoup d’inquiétude que nous constatons que l’ensemble des mesures destinées à prévenir une éventuelle propagation de la pandémie du covid-19 aux Comores ne sont pas toutes prises. Le collectif Ufahari Wa Komori souhaite lancer un appel à la solidarité générale à tou.te.s les comorien.ne.s pour faire face à la pandémie du Covid-19.
Le risque que des personnes porteuses du virus soient présentes sur le territoire comorien est réel. En effet, la mise en quarantaine d’individus provenant de pays touchés est effective depuis le 17 mars alors que les frontières comoriennes n’ont été fermées que le 23 mars.
Nous savons que notre pays est fragilisé par son insularité, une économie dépendante des importations et un système de santé précaire. Nous craignons tous une catastrophe humaine. En plus des gestes barrières, pour ralentir la propagation du virus, nous plaidons pour l’adoption d’autres mesures dans les plus brefs délais :
- Généralisons le port du masque: des initiatives citoyennes en ce sens sont en cours. Nous devons les encourager et nous invitons chaque citoyen.ne à les soutenir et à contribuer à cette démarche.
- Limitons les réunions publiques, les regroupements dans les places publiques et les espaces privés.
- Assurons la sécurité physique et psychologique des personnes et des enfants susceptibles de subir les conséquences néfastes du renforcement des mesures de confinement.
Une crise alimentaire est également à craindre dans la mesure où nous dépendons de l’extérieur pour nourrir la population et ce, bien que nous soyons un pays de tradition paysanne qui regorge de terres fertiles.
Pour cela:
- nous devons nous organiser pour pourvoir aux besoins alimentaires de toutes les familles comoriennes, en particulier les plus démunies, un défi que le réseau très actifs d’associations comoriennes a su relever nombre de fois en temps de crise et que nous espérons voir se coordonner pour couvrir les besoins sur l’ensemble du territoire national
- en tant que nouvelle génération, nous devrions également investir le terrain agro-alimentaire, exploiter et valoriser l’agriculture, l’élevage ainsi que la pêche. Ces activités trop longtemps dévalorisées, alors même qu’elles sont essentielles à la survie et à la prospérité de notre peuple.
Si nombre d’initiatives citoyennes se sont créées comme par exemple suite au passage du cyclone Kenneth, force est de constater que le pouvoir d’action d’un citoyen ne peut se substituer à l’État.
Nous enjoignons l’État à prendre ses responsabilités:
- Distribuer les masques à la population notamment celle occupant les métiers les plus exposés (aéroport, marchés, taxis…etc) en commençant par ceux envoyés par la Chine mais également en produisant des masques en tissus localement en vue de lutter contre la propagation du virus;
- Effectuer des tests massifs sur la population en accord avec les recommandations de l’OMS afin d’isoler les personnes présentant des symptômes;
- Prévoir la libération progressive des détenus en fonction du délit commis, de la durée de la peine et en tenant compte de leur conduite, la prison n’étant pas un lieu propice au respect des mesures barrières ;
- Distribuer les dons de riz reçus par ONICOR à la population comorienne de façon à assurer la subsistance des familles surtout à l’approche du Ramadan.
- Créer, dès à présent, un statut de paysan-fonctionnaire afin de favoriser la production agricole locale, encourager le développement des carrières dans ce secteur et prévenir toute crise alimentaire future.
Nous espérons que notre appel sera entendu. Prenez soin de vous et souvenez-vous que faire de la prévention, relayer des informations fiables et vérifiées, c’est la première des actions-clé pour aider les nôtres à traverser cette crise sanitaire, humaine et économique.
Nous rappelons les gestes barrières: il faut se tenir à une distance d’au moins un mètre les uns des autres, ne pas se serrer la main, tousser et éternuer dans son coude, se laver les mains avec du savon régulièrement pendant une durée de 20 secondes minimum, éviter de toucher son visage avec les mains.
Ufahari Wa Komori