Gwa II : Opération Aller simple pour le pouvoir
2016. C’est un homme qui se dit assagi qui se présente au suffrage du peuple, Azali ne serait plus le Colonel autoritaire et violent, il s’est proclamé imam et épris de religion.
Parmis les 25 candidats à la primaire de l’élection présidentielle se déroulant à Ngazidja, personne ne lui prête attention. Toute l’attention se focalise sur Mohamed Ali Soilihi dit « Mamadou », le candidat du pouvoir dont le destin vers la victoire semble tracé malgré les critiques, et sur Fahmi Saïd Ibrahim, le candidat du parti Juwa, parti le plus populaire au niveau national et surtout à Anjouan. Il est vu comme un candidat redoutable. Il est évincé du second tour probablement à cause des petits arrangements avec la démocratie dont ne se privent jamais le pouvoir en place.
Azali négocie le soutien du parti Juwa auprès de Sambi et remporte les élections après que des bureaux de votes saccagés sur fond de tentative de fraude à Anjouan rendent nécessaires “un 3ème tour,” une élection partielle sur l’île d’Anjouan. La cour constitutionnelle, qui a ordonné ces élections partielles, a joué ici le rôle de faiseur de roi.
Arrivé au pouvoir grâce aux voix du Juwa, Azali accorde des postes-clés à ses nouveaux alliés dans le gouvernement. Porté par un mouvement populaire “Narawaze” qui a refusé d’accepter les résultats de la CENI, c’est auréolé d’une certaine légitimité démocratique qu’il s’installe à Beït-Salam. Il n’aurait pu rêver meilleur come-back.
Mais ce tour-ci, on ne l’y reprendra plus. En 2006, c’est l’obligation de céder le pouvoir à un ressortissant d’Anjouan qui avait obligé son départ. Car malgré tous ses défauts, la présidence tournante a eu le mérite d’offrir aux Comoriens l’alternance politique tous les 5 ans. Le défi n’était donc pas tant de conquérir le pouvoir que de s’y maintenir. Mais l’ex-Colonel, devenu Imam et désormais deux fois président, a un plan.
Le verrou. Pour assurer son maintien au sommet de l’État, il faut en verrouiller tous les accès.
Premier obstacle majeur: la tournante. Peu importe son bilan ou sa popularité, chaque président de l’Union est prié de prendre la porte à l’issue des 5 ans de mandat. M. Assoumani avait été poussé vers la sortie par une île d’Anjouan bien déterminée à ne pas rater son tour.
Deuxième obstacle: les alliés d’un jour mais concurrents encombrants du lendemain. La précédente constitution obligeait le président de l’Union à être élu avec des vices-présidents dont souvent la seule ambition était de devenir calife à la place du calife. C’est à son Vice-président Ikililou que A. A Sambi a dû céder le pouvoir en 2011 après avoir fait durer la période de transition plusieurs longs mois.
Troisième obstacle: la Cour constitutionnelle. En 2016, en appelant à rejouer les votes, la cour avait permis à Azali de gagner malgré la fraude du pouvoir de l’époque.
La clé. La Constitution de 2001 issu de l’accord de Fomboni est le texte-clé qui institue ces 3 obstacles. Pour arriver au pouvoir et y rester, il faut impérativement l’adapter à son nouveau chef. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Surfant sur la popularité d’un projet d’assises nationales lancé par le mouvement du 11 août, M. Assoumani organise avec débauche de moyens deux semaines de tables rondes sur le bilan de 40 années d’indépendance. Sans surprise, ces assises se concluent par la nécessité de permettre à un président de prolonger son mandat, de se débarrasser des postes de Vice-Président et enfin de supprimer purement et simplement la cour constitutionnelle. Un référendum largement boycotté plus tard, il dissout la Constitution et ses institutions. La suppression de tous les contre-pouvoirs au président est acté, Azali est prêt désormais à organiser un vote anticipé pour s’introniser souverain. Objectif: émergence 2030.