Est-ce que pour vous aussi regarder l’actualité politique du pays vous déprime? Est-ce que vous avez fait partie des optimistes qui ont cru pendant un instant que notre peuple allait avoir ce sursaut révolutionnaire et faire mentir le sort qui semble lier le destin des Comores à Azali? Si vous en êtes et que vous avez complètement perdu espoir, ce texte s’adresse à vous. J’ai décidé de rester dans le camps des optimistes et dans ces quelques lignes, je vais vous expliquer pourquoi.
Il n’y a rien de plus prévisible qu’un dictateur. Soyons honnête, ils se ressemblent tous. Vous en avez croisé un, vous les avez tous croisé. Les tyrans à la tête des états compensent leur manque d’originalité dans les techniques d’oppression par une certaine surenchère grandiloquente dans l’exécution. Et c’est le concours de quéquette de celui qui :
⁃ se maintiendra le plus longtemps
⁃ créera la plus longue dynastie en passant le pouvoir à son fils
⁃ emprisonnera, torturera ou tuera le plus d’opposants, de civils innocents…etc
Vous voyez un peu le genre. C’est à se demander s’ils ne cherchent pas désespérément à compenser autre chose…. Mais je m’égare, pardon!
Quel est le rapport entre prière, dictature et vous ? J’y arrive.
Nous vous parlions il y a un an de cela : du pouvoir de la parole et de comment par la force de notre indignation collective, nous pouvions être la force motrice qui ferait avancer notre pays vers la paix et la prospérité. Un texte que n’aurait pas renié Stéphane Hessel. Car le premier pas vers l’action, qui lui est le préalable à tout changement, est la parole. Et tous les esprits chagrins qui reprochent aux Comorien.nes de ne rester que dans la palabre, sachez que pour arriver au stade où un mouvement s’élève, il faut en passer par là. Au commencement, il y a le verbe.
Vous ne voyez toujours pas le rapport, je sais. Soyez patient-es, j’arrive.
Au commencement donc il y a le verbe. Très souvent, et notamment dans l’article précité, quand nous parlons de parole, nous pensons aux mots écrits ou dits. Le cousin de la parole, c’est la prière. La prière, c’est insuffler l’espoir et l’intention à notre parole pensée. Pour prier, il faut non seulement penser cette parole d’espoir mais surtout il faut la croire. La foi est la pierre angulaire de toute religion et il n’en est pas autrement dans la vie. Pour réussir, il faut croire en soi, en ses projets. Et la foi, de manière assez ironique pour une communauté qui se targue d’être croyante à 99% est portée disparue. Je fais partie de ces 99% de croyants comoriens et donc cela me semble tout à fait légitime de porter le combat pour mon pays jusqu’à mon tapis de prière.
Je souhaite la fin de la dictature? Je prie pour que la démocratie advienne et plus important: j’y crois. J’ai foi en cette cause que je pense juste. Je m’en remet donc à une entité supérieure pour qu’elle accompagne mes paroles et mes actions de succès. Il y a bien eu une prière de Dawula ya haki, place de la République, contre le tyran. De même que Martin Luther King Jr a mené des prières pour la libération des siens, ainsi que Ghandi, ce négrophobe devant l’Eternel, a ancré sa stratégie de lutte contre l’empire britannique dans la spiritualité hindouiste.
Bref, affaire de militant est affaire de croyant.
Et ce n’est donc pas un hasard que la première cible des membres du club des dictateurs et autres autocrates du monde est tout ce qui peut susciter la foi en un renouveau. Le dictateur, le nôtre en premier lieu, aime son peuple démobilisé et cynique, blasé et veule. Il veut le tirer vers le bas, qu’il se débatte dans la fange morale comme lui. Celui qui croit est raillé, celui qui inspire la foi est écrasé.
Un peuple qui croit, se bat.
Un peuple qui prie ensemble pour une seule et même cause représente une arme qu’aucun dictateur ne peut atteindre. C’est un peuple qui se transcende. Capable de tout même de l’impossible car il se sent investi d’une mission divine sous le patronage du Très-Haut.
La prière guérit tous les maux, il serait temps que nous l’envisagions comme remède collectif pour libérer notre pays possédé par le Mal de la dictature incarné par un démon-dictateur.
Biheri