Communiqué Ufahari wa Komori du 28 juillet 2019
Plus de 95% des voies exprimées lors du scrutin du 22 décembre 1974 votent pour l’accession des quatre îles à l’indépendance. Réalisant la volonté du peuple comorien d’accéder à l’indépendance, la perte d’un avantage géostratégique dans l’Océan Indien, l’unité du peuple comorien par l’ancien colon. D’une consultation « de la population comorienne » aux termes des Accords de juin 1973, il est désormais prévu une consultation des « populations » comoriennes. L’ancien colon décide ainsi de prendre en compte les résultats île par île, réalisant que l’opposition à l’indépendance est forte à Mayotte (près de 60% des suffrages exprimés à Mayotte se prononcent contre l’indépendance).
L’unité territoriale de l’archipel est ainsi sacrifiée pour les intérêts de la France. La France contrevient expressément à la résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies qui prévoit que : « Toute tentative visant à détruire partiellement ou totalement l’unité nationale et l’intégrité territoriale d’un pays est incompatible avec les buts et les principes de la Charte des Nations Unies. » (Résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960).
Le 6 juillet 1975, les Comores proclament unilatéralement leur indépendance. Le jeune État comorien composé de Ndzuwani, Mwali, Maoré et Ngazidja est reconnu par l’Organisation de l’unité africaine, les États voisins et intègrent rapidement l’Organisation des Nations Unies. Cette dernière condamne le maintien de la France à Mayotte qui constitue une « violation de la souveraineté de l’État comorien et de son intégrité territoriale » (Résolution 31/4 de l’Assemblée Générale des Nations Unies du 21 octobre 1976).
Le lundi 22 juillet 2019, ce n’est plus l’ancien colon qui est en cause, mais le président autoproclamé Azali Assoumani. Le partenariat qu’il a conclu avec la France au nom de l’Union des Comores porte sur l’aide au développement, ciblant différents domaines d’actions (santé, formation professionnelle des jeunes et insertion socio-économique des jeunes, agriculture et encore). La réalisation de ces différents projets interpelle, notamment le projet de Service Civique d’Appui à l’Insertion.
Celui-ci serait « inspiré des expériences de service militaire », et réalisé à Anjouan. Qu’est-ce que cela signifie ? qu’implique le service militaire à des fins d’insertion professionnelle ?
Plus inquiétant encore, cet accord conditionne l’aide au développement à la régulation des « flux migratoires » et à la mise en place « d’un programme de lutte efficace contre les départs irréguliers d’embarcations vers Mayotte ». Cela signifie donc que les comoriens qui se rendent à Mayotte se rendraient sur un territoire étranger, non comorien. Cela signifie que Mayotte ne serait pas comorienne. Cela signifie que Mayotte serait un territoire français. Cela signifie également que Azali Assoumani, père de la réforme constitutionnelle de 2018 tant décriée, contrevient à la constitution qu’il a lui-même initiée. L’article 6 de ladite constitution dispose ainsi que « le territoire des Comores se compose des îles et îlots de Mwali (Mohéli), Maoré (Mayotte), Ndzuwani (Anjouan) et Ngazidja (Grande Comore) ».
« La solution juste et équitable » au contentieux mahorais que souhaitait trouver Azali Assoumani serait la cession du territoire comorien de Mayotte à la France, au détriment de l’intégrité territoriale des Comores. La destruction des kwassas (visés par ledit accord) et l’arrestations de leurs propriétaires au lendemain de la conclusion de l’accord fait craindre le pire. La France a annoncé une enveloppe de 150 millions d’euros sur trois ans alors qu’en près de dix ans, l’aide destinée aux Comores est de 74 millions. 150 millions serait-il le prix de Mayotte?